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BELLIOU-LA-FUMÉE

de fourrures. Et voilà ce que nous avons trouvé en route. Je crois bien qu’il est fichu.

— Mettez-le là sur la couchette », dit Lucie.

Elle se pencha et écarta les fourrures, découvrant un visage dont on voyait avant tout les grands yeux noirs et fixes, puis une peau basanée tendue à éclater sur les os et couverte de croûtes occasionnées par les morsures du gel.

« C’est Alonzo ! s’écria-t-elle. Pauvre, pauvre diable, il se meurt de faim !

— C’est l’homme qui était sur l’autre rive, murmura la Fumée à Breck.

— Nous l’avons trouvé en train de dévaliser une cachette qui doit avoir été faite par Harding, expliquait l’un des hommes. Il dévorait de la farine crue et du lard gelé, et quand nous l’avons attrapé il pleurait et poussait des cris comme un oiseau de proie. Regardez-le : il est épuisé d’inanition, et il a plus de la moitié du corps gelée. Il va passer d’un instant à l’autre. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une demi-heure après, quand la fourrure eut été ramenée sur le visage de la forme rigide, la Fumée se tourna vers Lucie.

« Si cela ne vous ennuie pas, madame Peabody, je suis un mangeur de viande, je reprendrais bien une tranche de celle-ci. Faites-la épaisse et plus saignante. »