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BELLIOU-LA-FUMÉE

l’appétit. Je me demande ce qu’il te veut, le colonel ?

Je n’en sais rien, à moins qu’il n’ait entendu dire que j’ai trouvé le lac Surprise. Il faudra une fortune pour le mettre à sec, et les Guggenheim cherchent à placer des fonds.

— Je suppose que c’est cela. Ça va bien, tiens-t’en aux mocassins. Oh ! là, là ! Ce paletot-là est fripé, pour sûr, et un peu trop juste pour toi. Contente-toi de picorer les victuailles. Si tu manges trop, tu te feras crever. Et si les belles madames s’avisent de semer leurs mouchoirs, laisse-les par terre ; ne les ramasse pas. Quoi qu’il arrive, ne te baisse pas ! »

II

Comme il sied à un expert grassement rémunéré et au représentant de la grosse firme Guggenheim, le colonel Bowie habitait une des cabanes les plus magnifiques de Dawson. Faite de rondins équarris et rabotés, elle avait un étage, et ses proportions lui permettaient l’extravagance d’un salon employé exclusivement comme tel.

De grandes peaux d’ours recouvraient le plancher brut de cette pièce, et les murs étaient garnis de cornes d’élans et de caribous. Des bûches flambaient dans un poêle et dans une vaste cheminée. Et c’est là que la Fumée rencontra le gratin social de Dawson, non pas de simples millionnaires « au manche de pioche », mais la fine crème d’une cité minière dont la population se recrute dans le monde entier, des hommes comme Warbutton Jones, l’explorateur et écrivain,