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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/168

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BELLIOU-LA-FUMÉE

le capitaine Consadine, de la police montée, Mr Haskell, commissaire de l’or pour le territoire du Nord-Ouest, et le baron von Schrœder, un des favoris de l’Empereur, jouissant d’une réputation mondiale comme duelliste.

Et là, éblouissante dans sa toilette de soirée, il contempla Joy Gastell, qu’il n’avait jamais vue que sur la piste, enveloppée de fourrures et chaussée de mocassins. À table, il se trouva près d’elle.

« Je me sens comme un poisson hors de l’eau, lui avoua-t-il. Tous ces gens de votre monde sont si huppés ! Et puis je n’aurais jamais rêvé qu’un pareil luxe oriental existât au Klondike. Regardez ce von Schrœder, il a positivement un habit de soirée, et Consadine arbore une chemise amidonnée. Mais j’ai remarqué qu’il porte tout de même des mocassins. Comment trouvez-vous mon équipement ? »

Il écarta les épaules comme s’il se rengorgeait pour lui plaire.

« Il me semble que vous avez grossi depuis que vous avez traversé le défilé de Chilcoot, dit-elle en riant.

— Vous brûlez. Cherchez encore.

— C’est l’habit de quelqu’un d’autre.

— Cette fois, vous y êtes. Je l’ai acheté bon prix à l’un des commis de la Compagnie A. C.

— C’est désolant de voir comme ces employés ont les épaules étroites, dit-elle avec componction. Mais vous ne m’avez pas dit ce que vous pensez de mon équipement à moi.

— Je ne peux pas. Ça me coupe la respiration. J’ai vécu trop longtemps sur la piste. La surprise me fait l’effet d’un coup au cœur, vous savez. J’avais tout à fait oublié que les femmes ont des bras et des épaules.