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BELLIOU-LA-FUMÉE

mée lança ses chiens sur l’étendue plate, en criant de toutes ses forces :

« Billy, Billy ! »

Billy entendit l’appel et y répondit. À la lueur des nombreux foyers allumés sur la glace, la Fumée vit un traîneau obliquer à la hauteur du sien : l’attelage frais le rattrapa sans peine, et, au moment où ils couraient de front, la Fumée bondit d’un véhicule à l’autre, tandis que Billy lui faisait place en se laissant rouler dehors.

« Où est le gros Olaf ? cria la Fumée.

— En tête, répondit la voix de Billy » ; les feux disparurent et la Fumée vola de nouveau à travers l’épaisse nuit.

La piste traversait par instants de véritables chaos, formés par les blocs de glace. La Fumée se laissait alors glisser à terre par l’avant du traîneau, et, s’attelant à une remorque, peinait à côté du chien de pivot. Il dépassa pourtant trois traîneaux auxquels étaient survenus des accidents, car il entendait les hommes détacher les chiens et raccommoder les harnais.

Sur le court trajet qui le séparait du Sixty Mile, il devança encore deux attelages. Il lui fut facile de se rendre compte de ce qui leur était arrivé, car bientôt un de ses propres chiens se foula l’épaule, et, incapable de continuer, se laissa traîner dans les harnais. Ses compagnons, excités, lui tombèrent dessus à coups de crocs. La Fumée dut leur assener une volée du gros bout de son fouet. Comme il coupait les traits de l’animal blessé, il entendit à l’arrière des jappements et une voix d’homme qui lui était familière. C’était von Schrœder. La Fumée cria pour l’avertir d’éviter la collision, et le baron, retenant ses chiens et incli-