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BELLIOU-LA-FUMÉE

Et ce fut seulement quand l’homme tourna la tête pour le saluer que la Fumée reconnut Arizona Bill. Von Schrœder l’avait évidemment dépassé.

Cependant la piste bien durcie qui courait à travers la neige molle était trop étroite pour deux, et, au cours d’une autre demi-heure, la Fumée fut obligé de rester derrière. Puis ils franchirent un amoncellement de glaces et trouvèrent en aval une étendue bien unie où étaient établis de nombreux campements de relais ; la neige y était foulée sur une grande largeur. Agenouillé, brandissant son fouet et hurlant, la Fumée amena son attelage de front avec l’autre. Il remarqua que le bras droit d’Arizona Bill pendait inerte à son côté, ce qui l’obligeait à manier le fouet de la main gauche et l’empêchait de se cramponner ; plus d’une fois il dut interrompre les coups de fouet pour éviter une chute. La Fumée se souvint de l’échauffourée qui s’était produite au départ et comprit à quel point étaient sages les conseils du Courtaud.

« Qu’est-il arrivé ? demanda la Fumée qui commençait à prendre les devants.

— Je ne sais pas, répondit Arizona Bill, j’ai dû me démettre l’épaule dans la bagarre. »

Il ne cédait le terrain qu’à regret et pourtant, quand le dernier relais fut en vue, il se trouvait distancé d’au moins un kilomètre. En avant, la Fumée aperçut enfin le gros Olaf et von Schrœder collés l’un à l’autre. Il s’agenouilla de nouveau et enleva ses chiens fatigués à une allure que pouvait seul obtenir un homme connaissant à fond la manière de conduire ces animaux. Il arriva tout contre l’arrière du traîneau de von Schrœder, et c’est dans cet ordre que les trois dévalèrent un terrain plat, au-dessous d’une digue de