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BELLIOU-LA-FUMÉE

glace, où attendaient un grand nombre d’hommes et de chiens. Dawson était à vingt-quatre kilomètres de distance.

Von Schrœder, avec ses relais de seize kilomètres, avait changé d’attelage à huit kilomètres en arrière, et devait changer de nouveau à huit kilomètres en avant. Aussi maintenait-il ses chiens à toute vitesse. Le gros Olaf et la Fumée accomplirent au vol leur transbordement, et leurs attelages frais regagnèrent immédiatement ce qu’ils avaient perdu sur le baron. Le gros Olaf le dépassa d’abord, et la Fumée passa à sa suite sur la piste étroite.

« Ce n’est pas mal, mais il y a mieux encore », se dit la Fumée en paraphrasant Spencer.

Il n’avait plus peur de von Schrœder, resté à la traîne, mais il avait devant lui le meilleur conducteur de chiens du pays. Le dépasser semblait impossible. À maintes reprises, la Fumée poussa son chien de tête presque à toucher l’autre traîneau, et chaque fois le gros Olaf sembla filer du loch et reprit sa distance. La Fumée se contenta de suivre le train et de maintenir désespérément l’allure, se disant que la course n’était pas perdue pour l’un des deux tant qu’elle n’était pas gagnée par l’autre, et bien des choses peuvent arriver sur un parcours de vingt-quatre kilomètres.

À cinq kilomètres de Dawson, il arriva effectivement quelque chose. La Fumée fut tout surpris de voir le gros Olaf se redresser et, avec force jurements et coups de fouet, exiger de ses animaux une suprême dépense d’énergie. Il aurait dû réserver cet emballement pour les derniers cent mètres de la course au lieu de le commencer à cinq kilomètres du but. Si meurtrière pour les chiens que fût cette allure, la