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BELLIOU-LA-FUMÉE

Fumée la soutint. Son propre attelage était superbe. Aucun chien sur le Yukon n’aurait pu être en meilleure forme après avoir fourni un effort aussi dur. En outre, la Fumée avait peiné avec eux, et couché avec eux ; il connaissait chaque bête individuellement, et savait s’adresser à son intelligence pour en extraire toute la bonne volonté possible.

Ils franchirent un petit tassement de glaçons et s’engagèrent sur le terrain plat en aval. Le gros Olaf avait à peine quinze mètres d’avance. Tout à coup un traîneau s’élança de côté et se rapprocha du sien. La Fumée comprit alors le but de son dernier coup de collier : il voulait gagner de l’avance pour changer de véhicule. Ce nouvel attelage qui l’attendait pour l’étape d’arrivée était une surprise, et même ceux qui pariaient pour lui n’en avaient pas eu connaissance.

La Fumée essaya désespérément de le dépasser pendant l’échange. À force d’encouragements et de coups, il rogna peu à peu les quinze mètres de distance, jusqu’à ce que son chien de tête galopât de front avec le chien de pivot du gros Olaf. De l’autre côté, à la même hauteur, courait le traîneau de relais. À la vitesse où ils marchaient, le gros Olaf n’osait pas risquer le saut en voltige : s’il manquait son coup et tombait, la Fumée serait en tête, et la course perdue pour lui.

Il essaya de reprendre de l’avance et enleva magnifiquement son attelage, mais le chien de tête de la Fumée se maintenait à la même hauteur. Pendant huit cents mètres les trois traîneaux filèrent côte à côte. Ils étaient presque à l’extrémité du terrain uni quand le gros Olaf risqua le coup. Au moment où les véhicules se rapprochaient les uns des autres, il bon-