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BELLIOU-LA-FUMÉE

tre passe-temps que les eaux-fortes, les tableaux et les éventails. Est-ce ma faute si je n’ai jamais eu l’occasion de transpirer ? »

L’aîné regarda son neveu avec un dégoût non dissimulé. Il ne supportait guère les plaisanteries proférées par des lèvres efféminées.

« Eh bien ! je vais prendre encore une de ces vacances que tu appelles viriles. Si je t’invitais à venir avec moi ?

— Un peu tardive, l’invitation ! Où est-ce ?

— Hal et Robert vont au Klondike : je les accompagne à travers le défilé jusqu’aux lacs et je reviendrai. »

Il n’en dit pas plus long, car le jeune homme avait bondi et lui saisissait la main. « Mon sauveur ! »

Des soupçons s’éveillèrent aussitôt dans l’âme de Jean Belliou. Pas un instant il n’avait songé que son invitation pût être acceptée.

« Tu ne parles pas sérieusement, dit-il.

— Quand partons-nous ?

— Le voyage sera très dur. Tu nous gêneras.

— Pas de danger ! Je travaillerai. J’ai appris ce que c’est que le travail depuis que je suis à La Vague.

— Chaque homme devra emporter ses propres provisions pour un an. Il y aura une telle cohue que les porteurs indiens n’y suffiront pas. Hal et Robert devront trimbaler leur équipage eux-mêmes. C’est pour cela que j’y vais, pour les aider à porter les ballots. Si tu viens, il faudra que tu en fasses autant.

— Vous me verrez à l’œuvre.

— Mais tu ne sais pas porter des charges.

— Quand partons-nous ?

— Demain.

— N’allez pas vous imaginer que c’est votre sermon