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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/39

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BELLIOU-LA-FUMÉE

jusqu’à tout autre terme, si vous voulez bien me verser rien qu’une tasse de cette cafetière. »

En dégustant le café il lui révéla son propre nom et lui demanda le sien. Elle s’appelait Joy Gastell. Il apprit aussi qu’elle était enracinée de longue date dans le pays. Née dans un poste de commerce sur le grand lac de l’Esclave, tout enfant elle avait traversé les montagnes Rocheuses pour descendre sur le Yukon avec son père. Elle retournait maintenant chez eux avec lui. Il avait été retenu par des affaires à Seattle ; ayant pris passage à bord de l’infortuné Chanler, il avait fait naufrage et avait été transporté à Puget Sound par le vapeur de secours.

Il tint compte du fait qu’elle était encore roulée dans ses couvertures et ne voulut pas prolonger la conversation ; refusant héroïquement une seconde tasse de café, il débarrassa la tente de sa propre personne et de ses sept cent cinquante livres de bagages. Mais il emporta avec lui plusieurs conclusions : elle avait un nom exquis et des yeux captivants ; elle ne pouvait avoir plus de vingt à vingt-deux ans ; son père devait être Français ; enfin elle avait reçu une bonne instruction ailleurs que sur la frontière.

VI

À travers des blocs usés par la glace, toujours au-dessus de la région des hautes futaies, la piste contournait le lac du Cratère et gagnait le défilé rocheux qui menait vers le Camp Heureux et vers les premiers