Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
BELLIOU-LA-FUMÉE

et redressée dans ses couvertures, celle-là même qui l’avait appelé Chéchaquo sur la grève de Dyea.

« Avez-vous vu ma fumée ? » demanda-t-il d’un ton joyeux.

Elle le dévisagea d’un air désapprobateur.

« Vous parlez de tapis enchantés ! continua-t-il.

— Voudriez-vous avoir l’extrême obligeance d’ôter ce sac de dessus mon pied », demanda-t-elle d’un ton glacial.

Il regarda, et enleva vivement l’objet.

« Ce n’était pas un sac, dit-il, c’était mon coude. »

Ce renseignement ne l’émut pas. Sa froideur semblait un défi.

« C’est une chance que vous n’ayez pas renversé le poêle », dit-elle.

Il suivit la direction de son regard et aperçut un petit poêle de tôle surmonté d’une cafetière, que surveillait une jeune Indienne. Il renifla l’odeur du café et regarda de nouveau la jeune fille.

« Je suis le Chéchaquo », dit-il.

Son expression indolente lui indiqua qu’il venait d’énoncer un fait bien évident. Mais il ne se démonta point.

« J’ai semé mon arsenal », ajouta-t-il.

Alors, elle le reconnut, et ses yeux émirent une lueur.

« Je n’aurais jamais cru que vous viendriez si loin », déclara-t-elle.

De nouveau, avec avidité, il huma l’air.

« Ma parole, c’est du café ! »

Il la regarda en face.

« Je vous donnerai mon petit doigt : vous pouvez le couper tout de suite. Je ferai n’importe quoi. Je serai votre esclave pendant un an et un jour ou