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BELLIOU-LA-FUMÉE

noux, il essaya de ramper jusqu’à l’endroit où était tombé le petit sac de farine, et s’épuisa sans avancer d’un pouce. Mais il battit et brisa si bien la surface herbeuse, qu’une toute petite mare commença de se former à proximité dangereuse de sa bouche et de son nez.

Il tenta de se retourner sur le dos avec le paquet en dessous, mais il ne réussit qu’à embourber ses deux bras jusqu’aux épaules et à prendre un avant-goût de noyade. Avec une patience minutieuse, il retira lentement de l’étreinte un de ses bras, puis l’autre, et les posa à plat sur la surface pour servir d’appui à son menton.

Alors il se mit à crier au secours. Au bout de quelque temps il entendit des pas qui approchaient par derrière, clapotant comme un bruit de ventouses.

« Un coup de main, camarade ! cria-t-il. Lancez-moi une amarre ou une bouée. »

Ce fut une voix de femme qui répondit, et il la reconnut tout de suite.

« Si vous voulez bien déboucler les courroies, je pourrai me relever », dit-il.

Les cent livres roulèrent dans la vase avec un bruit de plongeon, et il se remit lentement sur ses pieds.

« Vous étiez dans un beau pétrin ! dit Miss Gastell en riant de voir ce visage couvert de boue.

— Pas du tout, répondit-il d’un ton dégagé. C’est mon exercice favori d’entraînement physique. Je vous conseille d’en essayer. Rien de meilleur pour les muscles pectoraux et l’épine dorsale. »

Il s’essuya le visage et secoua le bras pour débarrasser sa main de la glu.

« Oh ! cria-t-elle en le reconnaissant. C’est monsieur… ah !… Monsieur Belliou-la-Fumée.