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BELLIOU-LA-FUMÉE

— Je vous remercie profondément de votre aide opportune et du nom que vous venez de m’octroyer, répondit-il. Ceci est mon second baptême. Désormais j’insisterai toujours pour être appelé Belliou-la-Fumée. C’est un nom fort et expressif. »

Il fit une pause, puis sa voix et ses traits prirent un air farouche.

« Savez-vous ce que je vais faire ? demanda-t-il. Je retourne aux États-Unis. Je me marie. J’élève une famille de nombreux enfants. Et puis, lorsque descendront les ombres du soir, je rassemblerai ces chérubins autour de moi, je leur ferai le récit des souffrances et tribulations que j’ai endurées sur la piste du Chilcoot. Et s’ils ne se mettent pas à pleurer, oui, je le répète, s’ils ne fondent pas en larmes, je leur ferai sortir les tripes du corps ! »

VIII

L’hiver arctique arrivait bon train. Il y avait sur la terre quinze centimètres de neige venue là pour y demeurer, et la glace se formait sur les eaux dormantes, en dépit de la violence des coups de vent. Un après-midi, assez tard, pendant une accalmie, Kit et Jean Belliou aidèrent les cousins à charger le bateau qu’ils avaient construit et le virent disparaître en aval du lac dans une rafale de neige.

« Maintenant, une bonne nuit de sommeil, et départ demain matin à la première heure, déclara Jean Belliou. Si l’orage ne nous arrête pas au sommet, nous atteindrons Dyea demain soir, et pourvu que nous