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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/50

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BELLIOU-LA-FUMÉE

— Pour sûr, fut la réponse, quoique mon premier régime ait été le lait de buffle, autant que je puis me le rappeler. Asseyez-vous et cassez la croûte avec moi. Les patrons ne se sont pas encore montrés. »

Bien qu’il eût fait un premier déjeuner, Kit s’assit sur la bâche et en dévora un second avec un triple appétit. Le travail fatigant et dépuratif de ces derniers temps lui avait donné un estomac et une faim de loup. Il pouvait absorber n’importe quelle quantité de n’importe quoi, sans même s’en apercevoir.

Il trouva le Courtaud un peu verbeux et pessimiste, et reçut de lui des renseignements bizarres sur leurs patrons, avec des prévisions de mauvais augure au sujet de leur voyage. Thomas Stanley Sprague était un futur ingénieur des mines d’une famille de millionnaires. Le docteur Adolph Stine était aussi un fils à papa. Grâce à l’influence de leurs pères, tous deux étaient fondés de pouvoir d’un syndicat intéressé dans l’aventure du Klondike.

« Oh ! sûrement ils sont cousus d’or, déclara le Courtaud. Quand ils ont débarqué à Dyea le fret était à soixante-dix cents et encore on ne trouvait pas d’Indiens. Il y avait cependant un groupe de véritables mineurs venant de l’Orégon Oriental, qui avait réussi à s’assurer les services d’une équipe à ce prix-là. Les portefaix avaient déjà bouclé l’équipement, trois mille livres de bagage, lorsque arrivèrent Sprague et Stine. Ils offrirent quatre-vingts cents, puis quatre-vingt-dix ; enfin à un dollar par livre les Indiens rompirent leur contrat antérieur et bouclèrent leurs paquets. Sprague et Stine ont franchi le col, bien que cela leur ait coûté trois mille dollars, et la bande de l’Orégon est encore sur la grève ; elle ne pourra guère traverser la montagne avant l’année prochaine.