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BELLIOU-LA-FUMÉE

« Oh ! avec votre patron et le mien, ça ronfle quand il s’agit de déverser la manne et de se moquer des sentiments d’autrui. Savez-vous ce qu’ils ont fait en arrivant au Linderman ? Les charpentiers donnaient le dernier coup de torchon à un canot qu’ils avaient promis de vendre à des types de Frisco pour six cents dollars. Sprague et Stine leur ont glissé un billet de mille dollars dans la main, et les constructeurs ont esquivé leur engagement. C’est un bateau de belle apparence, mais les autres restent dans le lac ; maintenant qu’ils ont apporté leur équipement jusqu’ici, ils n’ont pas de barque et les voilà empêtrés pour jusqu’à l’an prochain.

« Prenez une autre tasse de café, et vous pouvez m’en croire quand je vous dis que pour rien au monde je ne voudrais voyager avec une pareille équipe si je n’avais pas un pressant motif d’arriver au Klondike. Ces gens-là n’ont pas le cœur à la bonne place. Ils enlèveraient les draps mortuaires d’une maison en deuil s’ils en avaient besoin pour leurs affaires. Avez-vous signé un contrat ? »

Kit secoua négativement la tête.

« J’en suis fâché pour vous camarade. Il n’y a rien à manger dans le pays, et ils vous donneront froidement votre paquet dès qu’ils seront arrivés à Dawson. Les gens vont y mourir de faim cet hiver.

— Ils m’ont promis… commença Kit.

— Verbalement, interrompit le Courtaud. Ce sera votre parole contre la leur, voilà tout. Enfin, quoi qu’il en soit…, comment vous nommez-vous, camarade ?

— Appelez-moi la Fumée, dit Kit.

— Eh bien ! la Fumée, votre contrat verbal vous aura toujours valu le voyage. Ceci est un bon échan-