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BELLIOU-LA-FUMÉE

« Écoutez, la Fumée, nous sommes à des centaines de kilomètres de Dawson. Si nous ne voulons pas geler sur place, il faut nous débrouiller. Qu’en dites-vous ? »

Kit le regarda et attendit sans répondre.

« Nous avons la haute main par droit de naissance sur ces deux gamins, expliqua le Courtaud. Ils peuvent donner des ordres et répandre de la manne, mais, comme vous le dites, ce sont des gosses, mangeurs de confitures. Pour arriver à Dawson, nous devons prendre la direction de cet équipage-ci. »

Les deux hommes se regardèrent.

« Ça va », dit Kit, et il lui tendit la main pour ratifier le pacte.

Le lendemain, bien avant le lever du jour, le Courtaud proféra son appel.

« Holà, les dormeurs ! rugit-il. En bas du lit ! Voilà votre café. Dépêchez-vous, nous allons partir ! »

Grognant et protestant, Stine et Sprague furent néanmoins forcés de se mettre en route deux heures plus tôt que d’habitude. La bourrasque était plus violente que jamais, et, en un rien de temps, toutes les figures furent couvertes de stalactites, tandis que les avirons s’alourdissaient de glace. Ils se démenèrent pendant trois ou quatre heures, relayant tour à tour, un homme à la barre, deux aux avirons, un autre détachant les glaçons. La rive Nord-Ouest apparaissait de plus en plus près, mais l’ouragan soufflait de plus en plus dur. À la fin, Sprague, de l’air d’un vaincu qui se rend, rentra son aviron. Le Courtaud s’en empara, bien qu’il vînt à peine d’être relayé.

« Taillez la glace, dit-il, en lui tendant sa hachette.

— À quoi bon ? gémit l’autre. Nous n’y arriverons pas. Retournons !