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BELLIOU-LA-FUMÉE

VII

Pendant trois jours, Kit et le Courtaud s’éreintèrent à transporter leur tonne et demie de bagage du milieu du fleuve à la cabane de rondins que Stine et Sprague avaient achetée sur la montagne dominant Dawson. Dès que ce travail fut terminé, à la tombée du crépuscule, Sprague manda Kit dans sa chambre bien chaude. À l’extérieur, le thermomètre marquait 53 degrés au-dessous de zéro.

« Votre mois n’est pas tout à fait fini, la Fumée, dit Sprague, mais je vous le paie en entier. Voici ; et je vous souhaite bonne chance.

— Et nos conventions ? demanda Kit. Vous savez que la disette règne dans ce pays, et qu’un homme ne peut même pas trouver du travail dans les mines, s’il n’a pas sa nourriture avec lui. D’après notre contrat, vous avez consenti…

— Je n’ai connaissance d’aucun contrat, interrompit Sprague. Et vous, Stine ? Nous vous avons engagé au mois. Voilà votre argent. Voulez-vous signer le reçu ? »

Kit serra les poings, et, un instant, vit rouge. Les deux hommes reculèrent devant lui. De sa vie il n’avait frappé personne dans un accès de colère, et il se sentait tellement capable de rosser Sprague qu’il ne put se résoudre à le faire.

Le Courtaud vit son émoi et s’interposa

« Écoutez, la Fumée, je ne veux plus voyager avec une vulgaire équipe comme celle-ci. Et sur-le-champ