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VII

L’ESPRIT DE PORPORTUK

(The Wit of Porportuk)


El-Sou, la Peau-Rouge, avait été élevée à la Mission de la Sainte-Croix. Sa mère était morte, tandis qu’elle était encore enfant, et Sœur Alberta, comme un tison que l’on tire brusquement du feu, avait enlevé El-Sou à sa tribu, pour l’emmener avec elle et la consacrer au Seigneur.

El-Sou était de pur sang indien et, pourtant, par son aptitude à profiter des leçons qu’elle recevait et à s’ajuster à la civilisation, elle avait laissé loin derrière elle les filles des métis.

Jamais les Sœurs n’avaient eu affaire à une élève aussi souple et aussi fougueuse à la fois. El-Sou était vive, adroite et intelligente. Mais, ce qui, surtout dominait en elle, c’était la flamme, le feu vivant de la vie. Elle avait sa personnalité nettement marquée, composée de volonté, de douceur et d’audace. Son père était un chef, et le même sang aristocratique