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Page:London - Constuire un feu, nouvelles, trad Postif et Gruyer, 1977.djvu/191

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ramassant ses branchages avait suffi à le rompre.

La neige de la branche la plus élevée fut la première à tomber, et, ce faisant, elle heurta et déplaça celle qui se trouvait accumulée sur les branches inférieures. Et toute cette neige, dont le volume augmentait à mesure qu’elle tombait, vint recouvrir la tête de Tom Vincent, ses épaules, et éteignit son feu.

Il gardait toujours sa présence d’esprit, car il connaissait l’importance du danger. Il se mit aussitôt à reconstituer son feu, mais il avait maintenant tellement froid aux doigts qu’il ne pouvait plus les replier ; il était obligé de ramasser chaque branche et de la briser entre le bout des doigts de l’autre main.

Quand il en arriva à l’allumette, il rencontra de grandes difficultés à en sortir une du paquet. Il y parvint cependant, de même qu’à la saisir, au prix d’un gros effort, entre le pouce et l’index. Mais en la grattant, il la laissa tomber dans la neige et ne put plus la récupérer.

Il se leva, désespéré. Il ne pouvait pas sentir son poids sur ses pieds, bien que ses chevilles aient été très douloureuses. Il remit ses moufles, sauta de côté, pour éviter que la neige ne tombe sur le nouveau feu qu’il allait construire, et il battit violemment le tronc d’arbre de ses mains.

Cela lui permit de séparer et de frotter une seconde allumette puis de mettre le feu à ce qui lui restait du morceau d’écorce de bouleau. Mais son corps était maintenant glacé, et il s’était mis à frissonner, si bien que lorsqu’il essaya d’ajouter les premières branches, sa main tremblait et la flamme minuscule s’éteignit.

Le froid avait triomphé de lui. Ses mains ne pouvaient plus lui servir. Mais il avait eu la présence d’esprit de laisser tomber le paquet d’allumettes dans