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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/13

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une apaisante bénédiction, le regard liquide de ses yeux bruns et, d’une voix douce, pareille au roucoulement d’une tourterelle, il demanda au capitaine :

« Depuis combien de temps brûlez-vous ? »

Le capitaine toisa l’insulaire, qui était vêtu d’un pantalon de coutil et d’une chemise de coton, et coiffé d’un chapeau de paille.

Et il s’irrita, intérieurement, de cette douceur quasi céleste, qui semblait narguer son angoisse atroce.

« Depuis quinze jours, répondit-il brièvement. Qui es-tu ?

— Je m’appelle Mac Coy, pour vous servir.

— Je veux dire que tu es, sans doute, le pilote que l’on m’envoie ?

— Ici, capitaine, nous sommes tous pilotes et je connais à fond toutes les eaux de l’archipel.

— Nous perdons notre temps en vaines paroles. Ce que je veux, c’est parler, dans le plus bref délai, à l’une des notabilités de l’île.

— Alors, capitaine, mieux que n’importe qui je serai votre affaire », affirma, avec compassion, la voix angélique. « Que désirez-vous de moi ? »

Le capitaine crispa nerveusement ses sourcils. Cette tendre et câline suavité, quand son navire était sous lui une fournaise ardente, l’exaspérait. Il serra le poing, comme pour en assener un coup sur son interlocuteur.

Il se contint néanmoins.

« Qui es-tu donc ? interrogea-t-il.

— Je suis le principal magistrat de Pitcairn, le