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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/14

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gouverneur de l’île. Et j’ai tenu à venir en personne à votre appel. »

Un homme de haute taille, aux larges épaules, au visage défait et au menton non rasé, s’était approché.

À cette surprenante déclaration, il éclata d’un rire sardonique.

Quoi ? ce vagabond à peau brune, au chapeau de paille usé, au pantalon troué, à la chemise sans boutons, qui découvrait une poitrine velue et grisonnante sur laquelle descendait une longue barbe hirsute, était le gouverneur de Pitcairn !

Chez n’importe quel fripier, deux shillings auraient suffi à l’habiller plus décemment.

« Je veux bien vous croire sur parole, reprit le Capitaine. Mais une question encore. Êtes-vous parent de l’ancien Mac Coy de la Bounty ?

— C’était mon arrière-grand-père.

— Ah ! Très bien… Mon nom, à moi, est Davenport. »

Et montrant l’autre homme, aux larges épaules :

« Voici mon second, Mr Konig.

« Maintenant, parlons utilement. Nous brûlons, je vous lai dit, depuis deux semaines. D’un moment à l’autre, l’enfer va se déchaîner et le navire exploser.

« C’est pourquoi j’ai mis le cap sur Pitcairn. Mon dessein est d’échouer le bateau le plus tôt possible, et d’en sauver la coque, pendant qu’il en est temps encore.

— Alors, capitaine, déclara Mac Coy, vous avez fait un mauvais calcul.