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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/136

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tivement, de vous donner ma démission. Je ne puis demeurer plus longtemps. Je suis un homme marié, vous le savez comme moi, et il se prépare ici du vilain, aussi clairement que je vois votre nez au milieu de votre visage.

« Les noirs vont se soulever un jour ou l’autre, et nous reverrons les horreurs de Hohono. »

Mr Harriwell parlementa longuement avec le magasinier, qu’il décida à terminer son mois.

« Les horreurs de Hohono… Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda Bertie Arkwright.

— Il fait allusion, expliqua le gérant, à un petit massacre qui eut lieu l’an dernier à la plantation de ce nom, dans l’île Ysabel.

« Les noirs tuèrent les cinq blancs qui dirigeaient la plantation en question, ainsi que le capitaine et le second d’une goélette, qui étaient descendus à terre.

« Mais j’ai toujours dit qu’on était imprudent à Hohono. Jour et nuit, nous sommes ici sur la défensive.

« Veuillez venir avec moi, Mr Arkwright, que je vous montre un peu la vue splendide dont on jouit du balcon de la véranda… »

Bertie ne songeait guère à admirer le paysage. Il était trop occupé à se demander quel prétexte honorable il pourrait bien invoquer pour filer le plus tôt possible à Tulagi, chez le Commissaire des îles.

Il était encore plongé dans ses réflexions, quand un coup de fusil éclata dans son dos, tout près de lui.