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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/141

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Celui-ci fit son entrée d’un air boudeur. Il avait, en guise d’ornements, des épines plantées à travers le nez et des bouchons enfilés dans les trous des oreilles.

« Dis donc, toi, Wiwi, rugit Harriwell en montrant le plat d’un doigt accusateur. Qu’est-ce que toi avoir mis là-dedans ? »

Wiwi, effrayé, leva, en guise de réponse, son bras devant ses yeux et flageola sur ses jambes.

« Moi, susurra-t-il, avoir mis rien que de bon. L’omelette être très bonne pour faire « kaï-kaï ».

— Alors loi en manger tout de suite, devant nous ! ordonna Harriwell. C’est, glissa-t-il dans l’oreille de Bertie, la suprême épreuve. »

Et Harriwell, ayant empli une cuiller de l’omelette suspecte, fonca droit vers le cuisinier qui, les dents serrées, se précipita dehors en une fuite affolée.

« La question est tranchée ! prononça Brown avec solennité., Il ne veut pas en manger.

— Brown, reprit Harriwell, dès que vous pourrez poser la main dessus, vous le mettrez aux fers, comme j’ai dit tout à l’heure.

« Tout va bien, Mr Arkwright ! Je l’expédierai à Tulagi, où le Commissaire prendra l’affaire en main. Si vous mourez, vous pouvez être sûr qu’il sera pendu.

— Mais, messieurs… s’exclama Bertie désespéré. Ne pas mourir vaudrait encore mieux pour moi. »

Brown se précipita dehors à la poursuite du noir, tandis qu’Harriwell haussait les épaules d’un air de pitié :