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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/15

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« Vous auriez dû suivre jusqu’à l’atoll[1] de Mangareva. Il y a là une grève superbe, dans un lagon intérieur, dont l’eau est aussi calme qu’un étang de moulin.

— C’est possible, observa le second. Mais nous sommes ici. Il faut agir sans tarder. »

Mac Coy secoua gentiment la tête.

« Agir, c’est bientôt dit. Mais Pitcairn ne possède pas la moindre plage où pouvoir échouer un navire. Pas même un simple mouillage.

— Vous êtes un farceur, riposta le second.

« Oui, un fieffé farceur ! » répéta-t-il, plus énergiquement, tandis que le capitaine lui faisait signe de modérer son langage. « Ce n’est pas à moi qu’on raconte de pareilles balivernes.

« Où garez-vous donc vos propres bateaux, votre brick, votre cotre, n’importe quoi, qui vous sert à naviguer ? Hein ? Répondez un peu… »

Mac Coy se prit à sourire. Et ce sourire était aussi doux que son parler. C’était un enveloppement caressant, qui trahissait la sérénité de son âme, la quiétude immense qu’il voulait faire partager à la hargne du second,

« Nous n’avons ici, modula-t-il, ni brick, ni cotre, ni aucun bateau tant soit peu important.

« Nous ne possédons que de simples pirogues, que nous hissons avec des cordes, sur la falaise.

  1. Un « atoll » est une île annulaire, formée par des coraux et dont le centre est occupé par une masse d’eau, qu’on appelle un « lagon ». Le lagon communique d’ordinaire avec la mer par une « passe » ou canal naturel, plus ou moins navigable.