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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/165

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bras raccourcis, lui pila la mâchoire et lui démolit deux ou trois côtes.

C’est alors que Mr Haveby décida de transférer Bunster à l’île Lord-Howe.

Dès que la goélette qui l’avait transporté eut jeté l’ancre, Bunster célébra cet événement en mettant à sec une caisse de gin et en rossant dans les grands prix le second du navire, homme d’un certain âge, asthmatique par surcroît et qui n’était pas de taille à se défendre.

Une fois à terre, Bunster défia, sur le rivage même, tous les Canaques présents, qui étaient venus en nombre, promettant une caisse de tabac à celui qui réussirait à l’abattre.

Successivement, il en mit trois hors de combat, mais fut défait lui-même par un quatrième qui, au lieu de recevoir la caisse de tabac, fut gratifié d’une balle de revolver en pleine poitrine.

Ainsi débuta le regne de Bunster sur Lord-Hovwe, où il établit un régime de terreur.

Dès qu’il était signalé, venant vers un village, hommes, femmes et enfants détalaient à toutes jambes.

Même les chiens et les cochons s’écartaient de son passage et le grand chef de l’île n’hésitait pas à se cacher sous ses paillassons.

Les deux ministres du grand chef, chargés de régler avec Bunster les affaires courantes, vivaient dans un constant effroi.

Car le terrible homme n’admettait pas, en cas de litige, la moindre discussion. Ses gros poings étaient ses seuls arguments.