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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/192

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« Se détachant des autres, une vingtaine de ces pirogues, montées par deux cents jeunes hommes, s’élancèrent à la poursuite du second et de son youyou qui cinglait vers la passe, dans la direction de la pleine mer. »

Oti s’arrêta de parler pendant une minute, puis continua, avec un gros soupir :

« Les hommes blancs sont véritablement des démons. Je suis vieux maintenant, et j’ai pu les observer à loisir. Ainsi j’ai compris pourquoi ils se sont emparés de toutes les îles de la mer.

« Nous sommes aussi vaillants qu’eux, et aussi savants. Vous-même, qui êtes là, vous en savez beaucoup moins que moi sur les poissons et sur leurs mœurs. À chaque instant, vous m’interrogez à ce sujet.

« Tout cassé que je suis, je descends encore, en plongeant, jusqu’au fond du lagon. Et vous, un homme jeune, vous seriez incapable de m’imiter.

« Voulez-vous que je vous dise ? Vous êtes tous des sots. Mais vous êtes aussi des démons ! Et c’est pourquoi vous nous dominez.

— C’est bon, Oti… Ne te fâche pas !

— Bref, vingt pirogues et deux cents solides garçons, qui pagayaient magnifiquement, poursuivirent le second de la goélette.

« Il se tenait debout dans son youyou, avec son fusil, et n’arrêtait pas de tirer. Et, comme nous gagnions rapidement sur lui, beaucoup d’entre nous furent tués ou blessés.

« N’importe ! Il n’avait raisonnablement aucune