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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/194

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« Cet homme, comme je vous le disais, n’était pas un homme, C’était un démon.

« Mais ce n’est pas tout.

« Avant de quitter la goélette, il avait disposé, dans sa cale, de la poudre et d’autre dynamite, avec un cordon allumé.

« Les nôtres, bien entendu, n’en savaient rien et quand ils eurent grimpé en masse sur le navire, celui-ci fit explosion.

« Si bien que, sans compter les blessés et les estropiés pour la vie, nous eûmes, dans cette affaire, des centaines de morts et que rien pour nous ne compensa cette perte, puisque le fruit de la bataille engagée fut anéanti.

« Maintenant encore, si vieux que je sois, j’ai parfois des cauchemars qui me font revivre cet affreux événement et je crois entendre ce damné second hurlant, d’une voix de tonnerre : Yah ! Yah ! Yah !

« Par contre, tous les blancs établis dans les camps de pêche furent tués avec leurs gens. »

« Ce n’était qu’un début…, poursuivit Oti. Le second franchit la passe dans son petit bateau et partit sur la pleine mer. Nul d’entre nous ne doutait qu’il n’y pérît, avec une pareille coquille de noix incapable de résister aux grandes vagues. C’était un sot, Je vous le dis.

« Un mois s’était écoulé, quand un certain matin, entre deux rafales de pluie, une nouvelle goélette