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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/195

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pénétra dans le lagon et, à son tour, y jeta l’ancre.

« Le roi et les notables tinrent une palabre où il fut résolu que, dans les deux ou trois jours, nous nous emparerions du navire. Ce qui serait, pour nous, une compensation de nos dernières pertes.

« Il fut, par prudence, également jugé bon de paraître amis, tout d’abord.

« Des pirogues furent donc envoyées vers la goélette, avec un chargement de volailles et de cochons, et des cordons de noix de coco, en guise de monnaie d’échange.

« Mais à peine les pirogues, sur l’une desquelles j’avais pris place, se furent-elles approchées du navire, qu’elles essuyèrent une décharge générale de coups de fusil.

« Elles firent volte-face et, tandis qu’elles regagnaient la terre à force de rames, Je vis, sur le pont de la goélette, apparaître le second, parti dans son youyou : pas plus mort que moi, il gambadait en hurlant de nouveau vers nous : Yah ! Yah ! Yah !

« Au cours de l’après-midi, trois grandes chaloupes remplies d’hommes blancs armés jusqu’aux dents, débarquèrent de la goélette.

« Ils s’en vinrent vers Oulong, notre capitale, où, sans autre préambule, ils tuèrent tous les hommes qu’ils rencontrèrent. Et, aussi, toutes les volailles et tous les cochons.

« Puis ils mirent le feu à toutes nos maisons, qui flambèrent en un clin d’œil.

« Ceux d’entre nous qui n’avaient pas été tués gagnèrent leurs pirogues avec femmes et enfants,