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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/217

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de leurs voiles furent emportées par le vent. L’Aoraï avait reparu et faisait de même. Le bruit du ressac, sur les coraux, devenait de plus en plus assourdissant.

Soudain, un éclair zébra le ciel, illuminant sa noirceur et éblouissant les trois hommes.

Puis le tonnerre se mit à gronder sauvagement, de tous les points de l’horizon.

« Je crois, dit Toriki, profitant d’une accalmie, que nous ferions bien de déguerpir d’ici au plus vite et de rallier nos bateaux.

— C’est également mon avis », approuva Lévy. Et les deux hommes se mirent en demeure de rejoindre leurs canots.

Le gros Juif, frappé de panique, courait de toutes ses forces, avec la grâce d’un hippopotame.

Lévy et Toriki embarquèrent enfin et, au moment précis où les deux canots sortaient de la lagune, celui de l’Aoraï y rentrait.

Assis à l’arrière et encourageant de la voix les rameurs, Raoul, hanté par l’éblouissante vision de la perle, s’en revenait donner à Mapouhi le prix exigé par lui, c’est-à-dire la maison désirée.

Il aborda, tandis que redoublait le roulement effrayant du tonnerre, et buta dans le manchot.

« Trop tard ! hurla Hourou-Hourou. Mapouhi l’a laissée à Toriki pour quatre cents dollars du Chili, et Toriki l’a repassée à Lévy, pour vingt-cinq mille francs. Avez-vous du tabac sur vous ? »