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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/219

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Mais ses matelots lui montrèrent la blanche anarchie des vagues et l’Aoraï qui avait été contraint de reprendre le large.

Raoul ordonna à ses gens de haler le canot sur la grève et de chercher un abri où ils pourraient.

Lui-même s’en vint retrouver le capitaine Lynch, afin de lui demander l’hospitalité jusqu’au lendemain.

Le capitaine, les yeux écarquillés, était de nouveau planté devant son baromètre.

« Regardez ! dit-il à Raoul. Regardez ! L’aiguille maintenant s’est tout à fait retournée. Bon Dieu de bon Dieu ! La pointe en bas, elle a pris la verticale. »

Les deux hommes s’assirent en silence sur le seuil de la maison, tandis qu’une vague monstrueuse, longue de plusieurs milles et représentant un poids d’eau de plusieurs dizaines de milliers de tonnes, franchissait sans s’arrêter le barrage de coraux, et, traversant le lagon, venait s’abattre sur le rivage.

La température était tellement étouffante que la sueur perlait sur le visage des deux hommes en myriades de gouttelettes.

Celles-ci, se réunissant ensuite, coulaient sur leur front et sur leurs joues, en ruisselets qui dégoulinaient jusqu’à terre.

Une seconde vague, plus puissante encore que la première, balaya le rivage et s’en vint lécher les troncs des cocotiers, pour expirer au seuil de la maison.

« Le niveau des plus grandes marées est lar-