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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/232

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Elle se traîna vers lui, curieuse de savoir qui était ce noyé. Mais la figure, aux trois quarts mangée par les bêtes de la mer, était méconnaissable.

Naouri se recoucha sur le sable.

Au bout d’une heure, elle se releva et s’en revint vers l’horrible cadavre. Non, cet homme ne lui était pas inconnu.

Un éclair lui traversa le cerveau. L’homme qui gisait là n’était autre que Lévy, le Juif allemand qui avait acheté de Toriki la fameuse perle et l’avait emportée sur le Hiram.

Un fait était certain : le Hiram, au cours de la tornade, s’était perdu corps et biens. Le dieu des voleurs avait abandonné le Juif à son mauvais sort.

Naouri était haletante.

Sous les vêtements ruisselants, elle chercha la ceinture du mort et, l’ayant trouvée, y crispa fébrilement ses doigts.

Les boucles cédèrent et la vieille femme se mit à fouiller, les unes après les autres, les poches intérieures de la ceinture.

La perle ne s’y trouvait point… Si ! Si ! Elle y était, dans la dernière poche.

Naouri s’en saisit avec un cri rauque, et l’examina longuement.

Aucune erreur n’était possible. C’était bien la perle admirable pêchée par Mapouhi. Elle la soupesa, la fit rouler dans sa main et la caressa avec amour.

Ce n’était point la beauté de la perle qui l’hypnotisait. Mais aussitôt avait resurgi, dans les yeux