Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Il est trois heures, disait Mac Coy. Nous devons avoir parcouru dans les deux cent cinquante milles. L’île du Croissant doit être quelque part, devant nous, à une trentaine de milles environ.

« Elle ne porte aucun feu qui la signale, Nous risquons d’aller nous cogner dessus. Notre perte, comme celle du navire, est certaine en ce cas.

_ Que pensez-vous que nous devions faire ? Mettre à la cape ?

— Oui. Mettre à la cape jusqu’au jour. Ce n’est qu’un retard de quelques heures. »

L’ordre en fut jeté aux atomes humains, se débattant contre la mort, que portait le navire.

Tirant sur les manœuvres, ils se mirent à carguer et le Pyrénéen, qu’assaillait à l’extérieur la fureur de la mer, qu’assiégeait intérieurement celle du feu, se ballotta sur les vagues.

« Cette rafale que nous subissons, expliqua Mac Coy au capitaine Davenport, est tout à fait paradoxale. Mais les vents, cette année, sont d’une surprenante inégalité.

« Les alizés, notamment, sont refoulés de leur direction coutumière par des souffles plus puissants. »

Il agita sa main dans la nuit, vers un insondable infini, et continua :

« De violents ouragans se déchaînent certainement, à l’heure actuelle, j’ignore en quel endroit. Nous en subissons le contrecoup. Mais ce sera pour nous peu de chose, je puis vous l’affirmer. »

À l’aube, la rafale s’était, en effet, calmée et le vent était redevenu normal.