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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/29

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Mais un nouveau danger se révélait, La mer s’était couverte d’une brume nacrée, que transperçaient seuls les rayons solaires et qui bouchait complètement l’horizon.

Le pont de la goélette fumait plus que la veille et la gaieté de l’équipage s’était évanouie.

On entendait pleurnicher le mousse. C’était sa première traversée et la peur de la mort lui serrait le cœur.

Le capitaine Davenport errait sur le pont, comme une âme en peine, mordant sa moustache et fronçant nerveusement ses sourcils.

Mac Coy, pour son petit déjeuner, était tranquillement en train de se régaler de bananes frites, qu’il arrosait d’une potée d’eau.

« Que pensez-vous de la situation ? » interrogea le capitaine Davenport,

Mac Coy termina sa dernière banane, but un coup à son pot, qu’il vida, et hocha la tête.

« Ma foi, capitaine, répondit-il sans se troubler autrement, autant courir que brûler.

« Le pont est de plus en plus chaud. C’est, pour mes pieds nus, un vrai désagrément. N’auriez-vous pas une paire de souliers à me prêter ? »

On donna de nouveau de la toile et le Pyrénéen, filant dix nœuds, reprit sa course.

La mer demeura grosse quelque temps encore, puis s’apaisa.

Le capitaine Davenport, accompagné de Mac Coy et du second, grimpa dans la hune de misaine, pour s’efforcer de découvrir la terre. Mais la brume nacrée ne s’éclaircissait toujours pas.