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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/32

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« C’est impossible ! hurla, de la dunette, le capitaine Davenport. La terre est là, quelque part ! Vous dormez là-haut ! Ou êtes-vous aveugles ?

— Nous avons pu, observa Mac Coy, dériver dans l’obscurité. Calmez-vous, capitaine. Il ne sert à rien de s’emporter. Toujours cette même traîtrise des courants. »

Le capitaine Davenport regardait autour de lui, comme un fou.

Finalement, il reprit son sextant et, en compagnie du second, refit son point.

« Pas d’erreur ! cria-t-il, quand il eut terminé ses calculs. « 21,55 Sud » et « 136,02 Ouest »

« Que trouvez-vous, Mr Konig ?

— « 21, 55… », parfaitement. Mais ma longitude diffère quelque peu de la vôtre… « 136, 48 ». Pour minime qu’elle soit, la différence est appréciable. »

Le capitaine Davenport se contenta de hausser les épaules avec un silence si méprisant pour les rectifications de chiffres du second, qu’en son for intérieur Mr Konig en blasphéma de dépit.

« Continuez dans la même direction ! » ordonna au timonier le capitaine Davenport, qui s’en retourna ensuite à ses calculs et les recommença.

Il se remit à chiquer sa moustache, ses lèvres et son crayon. La sueur lui coulait du visage. Il regardait ses chiffres d’un air hébété, comme il eût_ fait en face de fantômes.

Soudain, d’un geste nerveux, impulsif et brutal, il froissa dans ses poings crispés le papier griffonné, le jeta par terre et l’écrasa sous son talon.

Mr Konig, qui l’observait, pensa sans doute, à