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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/69

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J’appris par la suite qu’il avait, le premier, trouvé le panneau d’écoutille. Puis il avait rencontré le capitaine Oudouse, qui nageait. Il lui avait offert de partager avec lui le panneau. En guise de récompense, il avait été jeté à la mer et avait reçu les coups de pied dont javais été témoin.

C’est ainsi qu’Otoo et moi nous nous trouvâmes pour la première fois réunis.

Otoo était la bonté personnifiée. Bien qu’il mesurât six pieds de haut et fût musclé comme un gladiateur romain, il était la gentillesse et la douceur mêmes.

Mais s’il était naturellement bon et dénué de toute hargne, il n’était pas non plus un lâche. Il avait, tout au contraire, à l’occasion, le cœur d’un lion et je l’ai vu, au cours des années qui suivirent, affronter souvent des risques devant lesquels j’aurais reculé.

Si on le poussait à bout, il était opportun de crier : « Gare la casse ! »

Je me souviens notamment de ce qui advint à Samoa, à Bill King, le boxeur.

Bill King avait été classé champion des poids lourds dans la marine américaine. C’était une énorme brute, un véritable gorille, un de ces types répugnants qui cherchent querelle à tout le monde, pour avoir ensuite le plaisir de taper dur.

Sans motif aucun, il s’attaqua à Otoo et commença par le gratifier de deux coups de pied dans le ventre, suivis d’un coup de poing dans la poitrine.