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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/95

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homme tout gris, aux cheveux gris, aux yeux gris, à la peau grise, à l’esprit non moins grisâtre, occupait une chambre voisine de la mienne.

« Une nuit, comme je venais de m’endormir, Je fus soudain réveillé par un couple de chats qui exécutait au-dehors une musique infernale, Je me levai et me dirigeai vers la fenêtre.

« Juste au même moment, j’entendis s’ouvrir la fenêtre voisine. Deux coups de feu furent rapidement tirés. Puis la fenêtre se referma.

« Le tout avait duré dix secondes, pas plus, et, sans comprendre ce qui s’était passé, je demeurais là, éberlué, me demandant si je n’avais pas rêvé. Toujours est-il que le concert était terminé. Je me recouchai.

« Pris de curiosité, le lendemain, dès l’aube, je m’en fus regarder les deux chats qui gisaient morts sur le sol.

« Les chats n’étaient pas des chats, mais deux noirs, qui avaient usé de ce stratagème ingénieux pour nous faire sortir, Saxtorph et moi, et nous régler notre compte.

« Cela, Saxtorph l’avait immédiatement deviné. Ou plutôt, il l’avait senti, sans raisonner. Me comprenez-vous ?

« La lueur des étoiles avait seule éclairé ses deux coups, qui s’étaient presque confondus et qui, tous deux, avaient porté. J’en étais émerveillé. Et il ne s’était même pas dérangé pour aller vérifier la justesse de son tir. Il le savait, mécaniquement, infaillible.

« Deux jours après, Saxtorph vint me rendre