Aller au contenu

Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VIII

LA LOI DE LA VIANDE


Le développement du louveteau fut rapide. Après deux jours de repos, il s’aventura à nouveau hors de la caverne. Il rencontra, dans cette sortie, la jeune belette dont il avait, avec la louve, mangé la mère. Il la tua et la mangea. Il ne se perdit pas, cette fois, et, lorsqu’il se sentit fatigué, s’en revint à la tanière, par le même chemin, pour y dormir. Chaque jour, désormais, le vit dehors, à rôder et élargissant le cercle de ses courses.

Il commença à mesurer plus exactement le rapport de sa force et de sa faiblesse, et connut quand il convenait d’être hardi, quand il était utile d’être prudent. Il décida que la prudence devait être de règle générale, sauf quand il était sûr du succès. Auquel cas il pouvait s’abandonner à ses impulsions combatives.

Sa fureur s’éveillait et il devenait un vrai démon, dès qu’il avait le malheur de tomber sur un ptarmigan. S’il rencontrait un écureuil jacassant en l’air, sur un sapin, il ne manquait pas de lui répondre par une bordée d’injures, à sa façon. La vue d’un oiseau-des-élans poussait sa colère