Aller au contenu

Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main qui le surplombait, comme une condamnation, hésita et l’homme dit en riant :

Wabam wabisca ip pit tah ! (Regardez les crocs blancs !)

Les autres Indiens se mirent à rire lourdement et excitèrent l’homme à saisir le louveteau. Tandis que la main s’abaissait, plus bas, plus bas, une violente lutte intérieure se livrait chez celui-ci, entre les divers instincts qui le partageaient. Il ne savait s’il devait seulement gronder, ou combattre. Finalement, il gronda jusqu’au moment où la main le toucha, puis engagea la bataille. Ses dents brillèrent et mordirent. L’instant d’après il reçut, sur un des côtés de la tête, un coup qui le fit basculer. Alors tout instinct de lutte l’abandonna. Il se prit à gémir comme un enfantelet et l’instinct de la soumission l’emporta sur tous les autres. S’étant relevé, il s’assit sur son derrière en piaulant. Mais l’Indien qu’il avait mordu était en colère et le louveteau reçut un second coup sur l’autre côté de la tête. Il piaula encore plus fort.

Les quatre autres Indiens s’esclaffaient de plus en plus, si bien que leur camarade se mit à rire lui aussi. Ils entourèrent tous le louveteau et se moquèrent de lui, tandis qu’il geignait, de terreur et de peine.

Tout à coup, bête et Indiens dressèrent l’oreille. Le louveteau savait ce qu’annonçait le bruit qui se faisait entendre et, cessant de gémir, il jeta un long cri, où il y avait plus de joie maintenant que d’effroi. Puis il se tut et attendit, attendit l’arrivée de sa mère, de sa mère libératrice, in-