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Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/149

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conduite de Lip-Lip et joignaient leurs persécutions à celles de son ennemi. Peut-être sentaient-ils obscurément la différence originelle qui le séparait d’eux, sa naissance dans la forêt sauvage, et cédaient-ils à cette inimitié instinctive que le chien domestique éprouve pour le loup. Quoi qu’il en soit, une fois qu’ils se furent déclarés contre Croc-Blanc, ce fut désormais chose réglée et leurs sentiments ne se modifièrent plus.

Les uns après les autres, ils connurent la morsure de ses dents, car il donnait plus qu’il ne recevait. En combat singulier il était toujours vainqueur. Mais ses adversaires lui refusaient le plus qu’ils pouvaient ce genre de rencontre. Dès qu’il entrait en lutte avec l’un d’eux, c’était le signal pour tous les jeunes chiens d’accourir et de se jeter sur lui.

De la nécessité de tenir tête à cette coalition, Croc-Blanc tira des enseignements utiles. Il apprit comment il convenait de se conduire pour résister à une masse d’assaillants, tout en causant à un adversaire séparé le plus de dommage, dans le plus bref délai. Rester debout sur ses pattes, au milieu du flot ennemi, était une question de vie ou de mort, et il se pénétra bien de cette idée. Il se fit souple comme un chat. Même de grands chiens pouvaient le heurter, par derrière ou de côté, de toute la force de leurs corps lourds. Soit qu’il fût projeté en l’air, soit qu’il se laissât glisser sur le sol, il se retrouvait toujours debout, solidement ancré à notre mère la terre. Lorsque les chiens combattent, ils ont coutume, pour annoncer la bataille, de gronder, de hérisser le poil