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Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/220

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de mastication, portaient plus haut leur emprise. Patiemment, elles travaillaient à se rapprocher de sa gorge. Dans un mouvement spasmodique, il réussit à mordre lui-même le cou gras de Cherokee, là où il se rattache à l’épaule. Mais il se contenta de le lacérer, pour lâcher prise ensuite. Il ignorait la mastication de combat et sa mâchoire, au surplus, n’y était point apte.

Un changement se produisit, à ce moment, dans la position des deux adversaires. Le bull-dog était parvenu à rouler Croc-Blanc sur le dos et, toujours accroché à son cou, lui était monté sur le ventre. Alors Croc-Blanc, se ramassant sur son train de derrière, s’était mis à déchirer à coups de griffes, à la manière d’un chat, l’abdomen de son adversaire. Cherokee n’eût pas manqué d’être éventré s’il n’eût rapidement pivoté sur ses dents serrées, hors de la portée de cette attaque imprévue.

Mais le destin était inexorable, inexorable comme la mâchoire qui, dès que Croc-Blanc demeurait un instant immobile, continuait à monter le long de la veine jugulaire. Seules, la peau flasque de son cou et l’épaisse fourrure qui la recouvrait sauvaient encore de la mort le jeune loup. Cette peau formait un gros rouleau dans la gueule du bull-dog et la fourrure défiait toute entame de la part des dents. Cependant Cherokee absorbait toujours plus de peau et de poil et, de la sorte, étranglait lentement Croc-Blanc, qui respirait et soufflait de plus en plus difficilement.

La bataille semblait virtuellement terminée. Ceux qui avaient parié pour Cherokee exultaient