Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/221

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et offraient de ridicules surenchères. Ceux, au contraire, qui avaient misé sur Croc-Blanc étaient découragés et refusaient des paris à dix pour un, à vingt pour un. On vit alors un homme s’avancer sur la piste du combat. C’était Beauty-Smith. Il étendit son doigt dans la direction de Croc-Blanc, puis se mit à rire, avec dérision et mépris.

L’effet de ce geste ne se fit pas attendre. Croc-Blanc, en proie à une rage sauvage, appela à lui tout ce qui lui restait de forces et se remit sur ses pattes. Mais, après avoir traîné encore autour du cercle les cinquante pounds qu’il portait, sa colère tourna en panique. Il ne vit plus que la mort adhérente à sa gorge et, trébuchant, tombant, se relevant, enlevant son ennemi de terre, il lutta vainement, non plus pour vaincre, mais pour sauver sa vie. Il tomba à la renverse, exténué, et le bulldog en profita pour enfouir dans sa gueule un bourrelet de peau et de poil encore plus gros. La strangulation complète était proche. Des cris, des applaudissements s’élevèrent, à la louange du vainqueur. On clama : « Cherokee ! Cherokee ! » Cherokee répondit en remuant le tronçon de sa queue, mais sans se laisser distraire de sa besogne. Il n’y avait aucune relation de sympathie entre sa queue et ses mâchoires massives. L’une pouvait s’agiter joyeusement, sans que les autres détendissent leur implacable étau.

Une diversion inattendue survint, sur ces entrefaites. Un bruit de grelots résonna, mêlé à des aboiements de chiens de traîneau. Les spectateurs tournèrent la tête, craignant de voir arriver la police. Il n’en était rien. Le traîneau venait, à toute