Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/222

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vitesse, de la direction opposée à celle du fort et les deux hommes qui le montaient rentraient, sans doute, de quelque voyage d’exploration. Apercevant la foule ils arrêtèrent leurs chiens et s’approchèrent, afin de se rendre compte du motif qui réunissait tous ces gens.

Celui qui conduisait les chiens portait moustache. L’autre, un grand jeune homme, était rasé à fleur de peau. Il était tout rouge du sang que l’air glacé et la rapidité de la course lui avaient fait affluer au visage.

Croc-Blanc continuait à agoniser et ne tentait plus de lutter. Seuls, des spasmes inconscients le soulevaient encore, par saccades, en une résistance machinale, qui s’éteindrait bientôt, avec son dernier souffle. Beauty-Smith ne l’avait pas perdu de vue, une seule minute ; même les nouveaux venus ne lui avaient pas fait tourner la tête. Lorsqu’il s’aperçut que les yeux de son champion commençaient à se ternir, quand il se rendit compte que tout espoir de vaincre était perdu, l’abîme de brutalité où se noyait son cerveau submergea le peu de raison qui lui demeurait. Perdant toute retenue, il s’élança férocement sur Croc-Blanc, pour le frapper. Il y eut des cris de protestation et des sifflets, mais personne ne bougea.

Beauty-Smith persistait à frapper la bête, à coups de souliers ferrés, lorsqu’un remous se produisit dans la foule. C’était le grand jeune homme qui se frayait un passage, écartant les gens, à droite et à gauche, sans cérémonie ni douceur. Lorsqu’il parvint sur l’arène, Beauty-Smith était justement en train d’envoyer un coup de pied à