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Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/225

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et en tira un revolver, dont il s’efforça d’introduire le canon entre les mâchoires de Cherokee. Il taraudait si dur qu’on entendait distinctement le crissement de l’acier contre les dents. Les deux hommes étaient à genoux, courbés sur les deux bêtes. Tim Keenan s’avança vers eux, sur l’arène, et, s’étant arrêté devant Scott, lui toucha l’épaule en disant :

— Ne brisez pas ses dents, étranger !

— Alors c’est son cou que je lui briserai ! répondit Scott, en continuant son mouvement de va-et-vient avec le canon du revolver.

— Je dis : Ne brisez pas ses dents ! répéta le maître de Cherokee, d’un ton plus solennel encore.

Mais son bluff fut inutile et Scott ne se laissa pas démonter. Il leva les yeux vers son interlocuteur et lui demanda froidement

— Votre chien ?

Tim Keenan émit un grognement affirmatif.

— Alors, venez à ma place et brisez sa prise.

Tim Keenan s’irrita :

— Étranger, je n’ai pas pour habitude de me mêler des choses que je ne saurais faire. Je serais impuissant à ouvrir ce cadenas.

— En ce cas, ôtez-vous de là et ne m’embêtez pas. Je suis occupé.

Scott avait déjà réussi à insinuer le canon du revolver sur un des côtés de la mâchoire. Il manœuvra, tant et tant, qu’il atteignit l’autre côté. Après quoi, comme il eût fait avec un levier, il desserra peu à peu les dents du bull-dog. Matt sor-