Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/226

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tait, à mesure, de la gueule entr’ouverte, le bourrelet de peau et de poil de Croc-Blanc.

— Préparez-vous à recevoir votre chien, ordonna Scott, d’un ton péremptoire, à Tim Keenan, qui était demeuré debout, sans s’éloigner.

Tim Keenan obéit et, se penchant, saisit fortement Cherokee, qu’une dernière pesée du revolver décrocha complètement. Le bull-dog se débattait avec vigueur.

— Tirez-le au large ! commanda Scott.

Tim Keenan et Cherokee, l’un traînant l’autre, s’éloignèrent parmi la foule.

Croc-Blanc fit, pour se relever, plusieurs efforts inutiles. Comme il était arrivé à se remettre sur ses pattes, ses jarrets, trop faibles, le trahirent et il s’affaissa mollement. Ses yeux étaient mi-clos et leur prunelle toute terne ; sa gueule était béante et la langue pendait, gonflée et inerte. Il avait l’aspect d’un chien qui a été étranglé à mort. Matt l’examina.

— Il est à bout. Mais il respire encore.

Beauty-Smith, durant ce temps, s’était remis droit et s’approcha.

— Matt, combien vaut un bon chien de traîneau ? demanda Scott.

Le conducteur du traîneau, encore agenouillé sur Croc-Blanc, calcula un moment.

— Trois cents dollars, répondit-il.

— Et combien pour un chien en marmelade comme celui-ci ?

— La moitié.

Scott se tourna vers Beauty-Smith :

— Entendez-vous, Mister la brute ? Je vais