Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/270

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l’été, lorsqu’il souffrait du soleil, il se remémorait, en un vague désir, la froidure de la Terre du Nord.

Le maître montait souvent à cheval et l’accompagner était pour Croc-Blanc un des principaux devoirs de sa vie. Sur la Terre du Nord, il avait prouvé sa fidélité à Castor-Gris en portant les harnais du traîneau ; ici, il n’y avait plus de traîneau à tirer, ni de fardeau à recevoir sur le dos. Suivre le cheval du maître était une façon de payer son tribut. La plus longue course ne le fatiguait pas et, après avoir couru durant cinquante milles, de son allure de loup, régulière et inlassable, il sautait encore joyeusement.

Au cours d’une de ces promenades, il arriva que le maître tentait d’apprendre à un pur sang, plein d’intelligence, comment ouvrir et fermer une barrière sans que le cavalier eût besoin de descendre à terre. À plusieurs reprises, Scott avait amené le cheval devant la barrière et s’était efforcé de lui faire accomplir le mouvement nécessaire. L’animal s’effrayait, reculait, se cabrait, de plus en plus énervé. Eperonné vigoureusement, il s’abattit sur ses genoux et, des pieds de derrière, se mit à ruer. Croc-Blanc, qui observait ce spectacle avec une anxiété croissante, n’y pouvant plus tenir, bondit à la tête du cheval et se mit soudain à aboyer. Cet aboi était le premier qu’il eût proféré de sa vie.

L’intervention fut désastreuse. Le cheval se releva, s’élança au galop à travers champs ; un lapin lui partit dans les jambes, lui faisant faire un brusque écart. Il tomba sur Scott, en lui cas-