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Page:London - En pays lointain.djvu/12

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EN PAYS LOINTAIN

de réussite furent prospectés, mais la décevante boue aurifère attirait les hommes toujours au Nord. Au Grand Ours, vaincus par l’effroi qu’ils ressentent habituellement devant les terres inconnues, les métis commencèrent à déserter, et le Fort de Bonne Espérance vit les derniers et les plus courageux courbés sous les câbles de touage, luttant contre le courant dans lequel ils avaient été traîtreusement entraînés.

Seul, Jacques Baptiste demeura. N’avait-il pas juré d’aller, s’il le fallait, jusqu’à la glace éternelle ?

Maintenant, ils devaient consulter à chaque instant les cartes dressées en majeure partie d’après ouï-dire.

La nécessité de se hâter leur apparaissait impérieuse, car le soleil avait déjà dépassé le solstice septentrional, ramenant l’hiver dans sa course vers le Sud.

Longeant le rivage de la baie où le Mackenzie se jette dans l’Océan Arctique, ils pénétrèrent dans l’embouchure de la Rivière de la Pelure.

Alors commença le rude travail de remonter le courant et les deux Incapables se montrèrent plus apathiques que jamais.

Le câble de halage et la perche, la pagaie et la remorque, les rapides et les portages, toutes ces tortures donnèrent à l’un le dégoût le plus profond pour les grands hasards de la vie et, à l’autre, l’occasion d’écrire une terrible histoire vécue.

Un jour ils se révoltèrent.

Devant la bordée d’injures que leur déversa