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EN PAYS LOINTAIN

du camp. Fallait-il aller chercher un seau d’eau, couper une brassée supplémentaire de bois, laver et essuyer la vaisselle, rechercher parmi les bagages un objet tout à coup indispensable, ces deux rejetons civilisés se découvraient soudain une foulure ou une ampoule exigeant des soins immédiats. Le soir, on les voyait les premiers au lit, laissant en plan une vingtaine de corvées ; au matin, ils étaient les derniers à se montrer alors que tous auraient dû être équipés avant de déjeuner. Personne n’arrivait si vite qu’eux aux repas, mais jamais ils ne donnaient un coup de main à la cuisine. Ils sautaient sans vergogne sur le meilleur morceau, et s’appropriaient sans scrupule la part d’autrui.

S’ils maniaient les avirons, ils inclinaient sournoisement les palettes et les laissaient entraîner par le mouvement du bateau.

Ils croyaient que nul ne s’en apercevait, mais leurs camarades juraient à voix basse et en venaient à les détester ; quant à Jacques Baptiste, il les bafouait ouvertement, et les maudissait du matin au soir. Il faut dire que Jacques Baptiste n’était pas un gentleman.

Au Grand Esclave, on fit l’achat de chiens de la Baie d’Hudson, et la flottille s’enfonça presque jusqu’aux bordages sous le poids supplémentaire du poisson sec et du pemmican. Enfin, bateaux et pirogues, emportés par le courant rapide du Mackenzie, plongèrent dans la grande solitude.

Tous les petits affluents donnant quelque espoir