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UNE FILLE DE L’AURORE

— Voilà ce que m’a dit Louis Savoy, ici dans ma cabane, hier soir. Il a dit : « Joy, je suis un rude gaillard, je possède de bons chiens. J’ai du souffle, et je serai victorieux. Alors, me voudrez-vous pour mari ? » Et je lui ai répondu…

— Que lui avez-vous répondu ?

— Que si Louis Savoy gagne, il m’aura comme épouse.

— Et s’il perd ?

— Alors, Louis Savoy ne sera pas, comme on dit, le père de mes enfants.

— Et si je gagne, moi ?

— Vous, gagner ? Ah ! Ah ! Jamais !

Quoique ironique, le rire de Joy Molineau était agréable à entendre. Harrington ne s’en formalisa pas. Il y était habitué depuis longtemps. Elle avait torturé tous ses soupirants de la sorte, et lui ne faisait pas exception. En ce moment, surtout, elle était séduisante, les lèvres entr’ouvertes, le teint animé par l’âpre baiser du froid, les yeux brillants de l’attrait irrésistible qu’on ne rencontre nulle part, sauf dans le regard de la femme.

Ses chiens de traîneau pressaient autour d’elle leurs formes hirsutes, et le chef de file, Croc-de-Loup, glissa doucement son museau pointu sur ses genoux.

— Et si je gagne ? insista Harrington.

Son regard se promena du chien au soupirant et revint vers la bête.

— Qu’en dis-tu, Croc-de-Loup ? Si Jack est un