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Page:London - En pays lointain.djvu/133

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UNE FILLE DE L’AURORE

les crocs grinçants. La rivière étroite était obstruée par cette masse grouillante. Du manche, aussi bien que de la courroie, des coups de fouet tombèrent indistinctement sur les hommes et sur les bêtes. Et pour compliquer les choses, chaque concurrent avait à sa suite une escouade de camarades empressés à le sortir de la cohue. Mais un par un, et à force de lutter, les traîneaux arrivèrent à se dégager, puis disparurent brusquement dans les ténèbres des rives surplombantes.

Jack Harrington avait prévu cette bousculade et attendu près de son traîneau qu’elle eût pris fin. Louis Savoy, conscient de la supériorité de son rival pour conduire les chiens, avait suivi son exemple, et il attendait, lui aussi.

Les bruits de la horde s’affaiblissaient dans le lointain quand ils se décidèrent à prendre la piste. Ce ne fut qu’après un trajet d’une dizaine de milles, en descendant le Bonanza, qu’ils la rejoignirent, glissant en file, mais se tenant de près. On n’entendait presque plus de bruit, et il n’y avait guère de chance de gagner de l’avance sur cette partie du trajet.

Les traîneaux mesuraient, d’un patin à l’autre, seize pouces, la piste n’était large que de dix-huit ; mais la circulation y avait creusé de profondes ornières.

De chaque côté s’étendait une couche cristalline de neige molle. Si un homme avait essayé d’y faire passer son attelage, les chiens s’y seraient enfoncés jusqu’au ventre et n’auraient plus avancé qu’à l’al-