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Page:London - En pays lointain.djvu/134

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UNE FILLE DE L’AURORE

lure d’un escargot. Les hommes ne pouvaient donc que se tenir à côté de leurs traîneaux bondissants et attendre.

Rien ne fut changé à leur position réciproque le long des quinze milles de descente du Bonanza, puis du Klondike jusqu’à Dawson ; à cet endroit, ils rencontreraient le Yukon, où les attendaient les premiers relais. Mais Harrington et Savoy, quittes à crever leurs premiers attelages, avaient placé leurs relais à une couple de milles plus loin que les autres. Dans la confusion causée par l’échange des traîneaux, ils dépassèrent une bonne moitié des concurrents. Ils n’en avaient plus qu’une trentaine devant eux, quand ils s’élancèrent sur la large poitrine du Yukon. C’était la partie la plus critique du parcours.

Lors de la prise du fleuve en automne, l’eau était restée libre sur la longueur d’un mille entre deux immenses barrières de glace. Cette voie ne s’était gelée que tout récemment, par suite de la rapidité du courant. À présent, elle était unie, dure et glissante comme le parquet d’une salle de danse. Dès qu’ils entrèrent en contact avec ce miroir de glace, Harrington se mit sur les genoux, se cramponnant d’une main, tandis qu’il faisait claquer sauvagement son fouet sur les chiens, et retentir à leurs oreilles de terribles imprécations. Les attelages dévalèrent sur la surface lisse, à toute allure. Mais dans tout le Nord on n’en trouvait pas deux comme Harrington pour enlever un attelage. Dès le début, il fut en tête, et Louis Savoy, emboîtant le pas, se colla désespéré-