Aller au contenu

Page:London - En pays lointain.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
UNE FILLE DE L’AURORE

Savoy stimula les chiens, mais ne put réussir à dépasser son rival.

Dans une file s’égrenant sur une longueur de cinq milles derrière eux, les autres coureurs s’évertuaient à les rattraper, mais en vain, car à Louis Savoy seul était dévolu l’honneur de se maintenir à l’allure vertigineuse de Jack Harrington.

Quand ils abordèrent l’étape des soixante-quinze milles, Lon Mac Fane les frôla comme un éclair. Croc-de-Loup, en tête des chiens, attira le regard d’Harrington. D’avance il était sûr de la victoire. Il n’existait pas dans tout le Nord un attelage qui pût le dépasser sur ces derniers vingt-cinq milles. Et lorsque Savoy aperçut Croc-de-Loup à la tête de l’attelage de son adversaire, il sentit que la course était perdue pour lui et il jura entre ses dents. Mais il s’accrocha malgré tout à la piste fumante de l’autre, tentant sa chance jusqu’au bout. Et tandis qu’ils poursuivaient leur route, cahotés sous les lueurs de l’aube qui se levait vers le Sud-Est, ils méditèrent, l’un avec allégresse, l’autre la mort dans l’âme, sur la conduite de Joy Molineau.

Tout Forty-Mile avait quitté de bonne heure les lits de fourrures pour se rassembler sur le bord de la piste. De là, on découvrait le Haut-Yukon jusqu’à sa première courbe à plusieurs milles de distance.

De là aussi, on pouvait voir sur l’autre rive